
"Celui qui vient" - Ὁ ερχόμενος
« Es-tu celui qui doit venir ? » : c’est ainsi que l’on traduit généralement cette question posée par Jean-Baptiste à Jésus par l’intermédiaire de ses émissaires. Elle se trouve formulée à l’identique dans les deux évangiles qui la rapportent : Matthieu (11, 2-6) et Luc (7, 18-23). Mais cette traduction me gêne car elle me semble fausser l’interprétation du passage en rabaissant Jean.
Dans quel contexte est posée la question ?
Avant d’examiner si cette traduction est satisfaisante et quel est le sens de la question, je fais ici 4 remarques contextuelles :
- Cet épisode ne figure pas chez Marc, qui pourtant ne néglige pas la figure de Jean Baptiste : il ouvre son évangile sur la prédication de Jean au désert, il décrit plus que les autres évangiles son mode de vie, il raconte les circonstances de sa mort plus en détail que Matthieu. On peut en conclure que ce dialogue entre les émissaires de Jean et Jésus provient d’une source commune à Matthieu et à Luc (la source Q ?), primitive et assez proche des événements racontés dans les Evangiles.
- Luc est plus précis que Matthieu dans la narration des événements :
- C’est déjà le cas dans d’autres épisodes, comme la guérison du serviteur du centurion de Capharnaüm, qui précède de peu ce passage. Ce n’est pas toujours le cas. Il arrive que Matthieu soit plus précis dans sa narration.
- Entre les deux s’intercale la guérison du fils de la veuve de Naïn, qu’il est le seul à rapporter. Pourtant la résurrection d’un mort en public est un signe stupéfiant et inédit (la guérison de la fille de Jaïre, relatée après, n’est pas publique du tout, au contraire, et Jésus ne s’est jamais départi de son propos : la fille dort.). Luc fait le lien entre cet événement survenu à Naïn et la réputation de Jésus : « un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » (Autrement dit : Ou Elie ou Moïse sont de retour et les temps messianiques sont ouverts) Et c’est juste après ce signe éclatant que Luc situe la délégation de Jean Baptiste.
- La résurrection du fils de la veuve de Naïn fait écho, évidemment et directement, au miracle accompli par Elie auprès de la veuve de Sarepta (1 Roi 17 17-24). A une différence près : Elie n’a pas ressuscité le fils de la veuve qui avait cessé de respirer, mais n’avait pas été déclaré mort. La référence à Elie est importante comme on va le voir. Elie doit en effet revenir sur terre précéder le retour du Messie.
- Une lecture superficielle donne l’impression que Jean Baptiste est saisi de doutes sur le destin éminemment providentiel de Jésus, mais c’est mal lu : « Et les disciples de Jean l’informèrent de tout cela. Jean appela deux de ses disciples et les envoya auprès de Jésus avec ces mots… » La crise de scepticisme de Jean n’a aucun sens dans ce contexte. Il serait moins croyant que les foules, lui que Jésus loue ensuite ! Il croit bien que Jésus est l’élu de Dieu. Mais l’élu est-il le Messie ?
- On voit ensuite les disciples de Jean, arrivés près de Jésus répéter mot pour mot la question. On n’aime pas trop, dans les textes historiques de l’antiquité, se répéter, en tout cas pas chez les Grecs (chez les Hébreux, on n’en dira pas autant). Au contraire, on abrège, on donne la quintessence d’un discours. Sinon on gâche de l’encre et du papyrus et on fatigue le lecteur. Or Luc est le plus hellénisé des évangélistes et il se veut historien. La redite n’est pas du tout un araméisme. On ne la retrouve pas chez Matthieu. Il veut montrer que la question de Jean est transmise à Jésus (et à nous) au mot près. Donc la compréhension de la question est importante, d’autant plus qu’elle est intentionnellement énigmatique.
- Luc prépare la réponse par des signes miraculeux « de masse »: « A cette heure-là, il guérit beaucoup de gens affligés de maladies, d’infirmités, d’esprit mauvais et rendit la vue à beaucoup d’aveugles. »
- Luc brode-t-il ? Sur ce dernier point, il est possible qu’il compose son récit pour illustrer sa réponse par des faits concrets (« A cette heure-là » et non « à cette heure même »). Il est possible aussi que Luc fasse le lien entre des événements qui ne se succédaient pas dans une suite continue, mais un miracle de résurrection devait être pour lui le « nec plus ultra » de ceux qu’on aurait rapporté à Jean. Pour le reste des faits, la fabulation serait une manipulation mensongère, totalement contraire au projet annoncé par Luc dans son prologue et nuisible à la crédibilité du témoignage dans son ensemble. Il est clair qu’il a emprunté à d’autres sources d’information que la source Q sur la guérison du serviteur du centurion, la résurrection opérée à Naïn et cet échange avec les émissaires de Jean. La mise en contexte historique de l’épisode qui nous occupe est chez lui intentionnelle, que le contexte ait bien été celui-là ou non.
- Chez Matthieu, l’épisode est rapporté dans un tout autre contexte, moins narratif et plus catéchétique : il fait suite à l’appel des Douze et au discours dit apostolique d’envoi en mission et à la courte évocation de cette mission. Tout le passage se rapportant à Jean Baptiste (Mt 11,2-17) précède la déploration sur les villes qui bordent le Lac de Tibériade (« Tant pis pour toi, Chorazin… »). Matthieu résume l’échange avec les émissaires de Jean. Il ne montre pas les miracles du moment et se contente de leur dire : Ecoutez et regardez. La suite du discours aux foules sur Jean est identique dans sa partie centrale à celui de Luc, mais le contexte le colore très différemment. Matthieu s’attache à situer l’échange avec les émissaires de Jean en rapport avec la prédication de l’Evangile par Jésus et par les Douze. Il est en fait le prologue d’un enseignement sur le rôle de Jean comme premier prédicateur du Royaume des Cieux et sur la résistance qui lui a été opposée et qui continue d’être opposée à Jésus. Le propos est plus didactique et moins narratif que chez Luc. Pour forcer le trait, Matthieu s’intéresse au Maître, au Rabbi qui instaure le Royaume de Dieu par sa parole et Luc (médecin !) au thaumaturge qui manifeste les temps messianiques par ses signes.
- Néanmoins on notera que pour Matthieu, comme pour Luc, Jean envoie des émissaires parmi ses disciples (sans plus de précision) : « après avoir entendu parler des actions de Jésus». L’insistance est moins forte chez Matthieu, car il ne fait pas précéder ce passage d’actions d’éclat. Mais, dans son Evangile, Jean Baptiste ne questionne certainement pas Jésus comme s’il croyait qu’il se tournait les pouces.
« Vous pouvez répéter la question ? »
Venons-en à la question, posée à l’identique, par deux fois chez Luc, une fois chez Matthieu
En grec :
« Σὺ εἶ ὁ ερχόμενος, ἢ ἓτερον προσδοκῶμεν ; »
« Su eï ho erchoménos ê hétéron prosdokômén. »
On traduit donc généralement : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ». Une traduction mot à mot s’impose. Littéralement : « Toi, tu es celui qui vient (ou « le venant ») ou nous en attendons un autre ? »
On pourrait entendre, en ne prenant que Matthieu, que Jean marque de la déception : « C’est bien joli tous ces miracles, mais le Royaume de Dieu dans tout cela ? ». Luc ouvre davantage à une autre interprétation. En raison du contexte narratif évoqué, c’est l’impatience de Jean plus que sa déception que l’on entend : « Les choses avancent ! Tout ceci est admirable ! Nous sommes dans les derniers temps, c’est sûr. Mais nous attendons le Royaume de Dieu. Il faut passer à la vitesse supérieure ! Le Royaume, c’est pour aujourd’hui avec toi ou pour demain avec un autre ? Y en a-t-il un derrière toi pour cela ?» C’est davantage en cohérence à l’hommage très fort que Jésus rend à Jean dans les deux Evangiles : le plus grand des prophètes qui conduit Israël aux portes du Royaume. Mais, s’il est tout proche, il n’est pas entré dans le Royaume, puisque le plus petit dans le Royaume est plus grand que lui qui le montre de l’extérieur.)
Cette lecture est corroborée par la grammaire :
- Si Jean voulait faire part d’un doute, nous aurions une formule interrogative marquant une incertitude : Μὴ εἶ σύ, Mê eï su. « Est-ce que vraiment… » Ici, c’est une alternative : c’est toi, ou un autre après toi ? Et en hébreu, car il faut envisager que la question ait été posée en hébreu ou en araméen, on aurait la même construction : Ha-( הֲ־), « Est-ce que ? » N’oublions pas : pour Luc la question a été posée telle quelle.
- Le texte ne dit pas « devons-nous en attendre un autre », mais use du présent : « en attendons-nous un autre ? ». C’est du présent. Même dans sa traduction latine, St Jérôme traduit littéralement : « alium expectamus » et non «alius expectandus est ». Autrement dit : « Ton train en cache-t-il un autre ? »
La question peut se comprendre ainsi dans la lecture qu’en donne Luc : « tu accomplis des miracles dignes d’Elie et on dit de toi qu’un grand prophète a paru parmi nous. Es-tu Elie ou es-tu le Messie ? Es-tu le Messie ou es-tu celui qui le précède ? On remarquera que, par des chemins totalement différents, Matthieu convoque aussi la figure d’Elie dans son développement propre. A la question « es-tu celui qui vient », Jésus répond in fine : « Jean, c’est Elie, celui qui va venir. » Matthieu joue de cette antithèse, qui semble indiquer que l’implicite de la question est le même chez Luc et chez Matthieu : le Messie ou Elie ?
Ainsi Jean ne doute pas que Jésus soit l’envoyé de Dieu et qu’il fait de très grandes choses. Il ne doute pas qu’après lui est venu plus grand que lui. Il ne doute pas que Jésus soit une figure eschatologique. Mais laquelle ? Car en attendant, Jean est en prison, et lui et ses disciples ont peine à voir la gloire de Dieu se manifester parmi Israël. Ils sont comme les disciples de Jésus eux-mêmes qui attendent que Jésus manifeste sa gloire au monde, jusqu’après la Résurrection (Actes 1, 6 : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu restaureras la royauté pour Israël ? »). Ils sont comme nous qui avons tant de mal à croire que le Royaume de Dieu est tout proche de nous, parmi nous, en nous, et qu’il pousse bien comme la graine de sénevé. Quel chrétien osera prétendre qu’il est plus grand que Jean et qu’il ne s’est pas impatienté au plus profond de lui-même que le Royaume de justice et de paix tarde tant à sortir le monde du pouvoir de son Prince ? Quel chrétien n’a pas à un moment opposé dans son esprit
- d’un côté le Jésus de l’histoire, qui a sans doute fait des merveilles, et qui est même ressuscité, si vraiment on veut croire à l’historicité de la Résurrection, mais qui nous a laissé dans la prison de ce monde en proie au Mauvais, comme Jean dans la sienne,
- d’un autre côté le vrai Messie qui, lui, doit apporter le salut et la paix universel ?
Nous sommes comme ces premiers disciples qui ne comprennent pas que par le don, par l’onction de l’Esprit Saint qui fait des disciples des Messies, oints à sa suite, le Messie instaure son règne en ce monde qui est domination toute spirituelle sur les cœurs. Je comprends bien l’attente ardente de Jean-Baptiste : Jésus était-il donc Elie qui annonce le Christ glorieux ? Selon l’Evangile de Jean, le Baptiste a répondu à la commission d’enquête dépêchée par les autorités de Jérusalem qu’il n’était pas Elie mais la « voix qui crie dans le désert. » C’est Jésus qui dira (Matthieu 17) qu’Elie est venu et que c’était Jean. Lui avait tout lieu de s’interroger : « après tout Elie doit venir et ce n’est pas moi. »
Si Jean pose la question, c’est qu’il attend (au présent !) encore plus, tellement plus, que ce qu’on lui a rapporté pour croire que le Royaume de Dieu est instauré. Son espérance est immense et son attente aussi. Il ne doute pas que Jésus soit « celui qui est plus grand » que lui, celui dont il n’est « pas digne d’enlever la sandale ». Mais s’il est le Sauveur de son peuple, « celui qui vient » du Psaume 118, il faut qu’il prenne possession de son règne et qu’il baptise son peuple dans l’Esprit Saint comme il l’a annoncé. Jésus répond aux émissaires : « dites à Jean ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les sourds entendent… ». Il le renvoie, preuves à l’appui, à Isaïe 35,5 et 61,1 et il ajoute à la liste des signes messianiques : les morts ressuscitent. Chez Luc, on fait le lien avec le miracle de Naïn, qui est plus que celui de Sarepta. Il n’a pas réanimé un moribond aux portes de la mort : il a ressuscité un mort. Il lui fait donc répondre (je glose) : « Mon très cher Jean, toi le plus grand des enfants des femmes (7,28), nous ne sommes pas dans les prodromes d’un royaume qui doit se manifester dans la gloire, mais nous sommes bel et bien dans les temps messianiques où la gloire de Dieu se manifeste. Tu as pu faire constater par tes émissaires que les prophéties d’Isaïe s’accomplissent et que, de plus, la mort perd son pouvoir. Le Messie prend bien possession de son royaume tout en l’annonçant. Donc tu as ta réponse. »
Celui qui doit venir ou celui qui vient ?
On traduit : « celui qui vient » par « celui qui doit venir ». Cela découle sans doute de la traduction latine de Saint Jérôme qui utilise le participe futur : « venturus », « qui va venir ». Le grec emploie le participe présent substantivé : celui qui vient, ὁ ερχόμενος. Cette traduction de Saint Jérôme, en général littérale dans son décalque du grec, est compréhensible ici dans le passage du grec au latin :
- en grec, il n’y a pas de participe futur. En revanche on peut parfaitement traduire « celui qui va venir » ou « qui doit venir » ou « va venir » par la formule ὁ μελλῶν ἔρχεσθαι (ho mellôn erchestai) que Matthieu emploie bien pour parler du nouvel Elie.
- en latin, il n’y a pas d’article défini, mais il existe en grec (ὁ). Il ne s’emploie d’ordinaire pas pour l’attribut sauf pour souligner une singularité (comme chez les Deschiens : « c’est LE char de Ben-Hur. »)
- Donc un décalque en latin donnerait : « Es tu veniens ?» ce qui est parfaitement incorrect et illisible. Il aurait pu traduire : « Tu es is qui venit ? », mais c’est rugueux, bien plus que la traduction qu’il a retenue ou que l’original grec : « Tu es qui venturus es… », qui veut dire « c’est toi qui dois venir ? ». Cela change un peu le sens.
C’est même un contre-sens, pas très grave j’en conviens, mais qui empêche de bien comprendre ce que Jean Baptiste a voulu dire dans cette question dont chaque mot est pesé. Jean dit bien : « Tu es Celui-qui-vient ? ».
Chez Matthieu, Jésus recourt bien à l’expression « celui qui doit venir » ou « va venir », mais c’est à la fin du discours sur Jean, lorsqu’il l’identifie à Elie, celui qui va venir (Ελιάς ὁ μελλῶν ἔρχεσθαι), qui vient en miroir de « celui qui vient » du début de la séquence, comme une conclusion répondant à l’introduction selon une rhétorique bien hébraïque. Jean demande au début : « Jésus est-il le Messie, celui qui vient ? » ; tout est au présent. Jésus répond à la fin : « Jean était Elie (passé), celui qui va venir (futur). » On peut traduire, par souci de la concordance des temps : « celui qui devait venir. » On voit donc que, par une tout autre approche, moins historique et plus rhétorique, Matthieu renvoie, lui aussi, à la haute figure d’Elie. On comprend aussi à la fin le sens de la question de Jean : « es-tu le Messie, celui-qui-vient ? Ou es-tu Elie, celui-qui-doit-venir ? » et on comprend la réponse : « je suis celui-qui-vient, tu es celui-qui-va-venir ». En Matthieu 17, 11(« D’un côté, Elie vient le premier et restaurera tout ; d’un autre côté, Elie est déjà venu… »). Le même vocabulaire est employé à propos du « nouvel Elie » qui « vient le premier » et qui est déjà venu.
Celui-qui-vient désigne de toute évidence le Sauveur d’Israël
Car ce sont des noms, des participes substantivés, des titres, prophétique pour l’un, messianique pour l’autre. « Celui-qui-vient » est un titre choisi avec soin par Jean comme une énigme, qui dit la mission eschatologique du Messie à faire advenir le monde à venir. Ou plutôt d’un Messie, car la figure du Messie est, à cette époque, floue et plurielle et le terme lui-même est assez élastique. Il admet des acceptions différentes. A Qumran, en milieu essénien, on attend l’avènement de deux Messie (le « Messie d’Israël », royal, et le « Messie d’Aaron », sacerdotal). Dans l’Evangile de Jean (Jn 1, 21 ; Jn 1,14 : « Celui-ci est le Prophète qui vient dans le monde »), on parle du « Prophète » qui n’est ni « Elie redivivus » ni le Messie, mais qui comme le nouveau Moïse annoncé par Moïse lui-même (Dt 18,15). Ce sont les disciples de Jésus qui, après la résurrection, rassemblent en la personne de Jésus toutes les attentes diffuses de l’eschatologie juive, qu’ils récapitulent en sa personne (ainsi l’identification Messie – Fils de David - nouveau Moïse – Serviteur souffrant d’Isaïe). J’y reviendrai dans un autre développement.
On retrouve ce titre eschatologique dans le psaume 118 (et lors de l’entrée messianique) : « béni soit Celui-qui-vient (ὁ ερχόμενος) au nom du Seigneur ». Le psaume 118 est le chant du Salut (shou’ah). Dans un précédent article, j’ai montré que l’illustration de la prophétie du psaume de Soukkot lors de l’entrée messianique à Jérusalem était éclatante, jusque dans le nom de Jésus (Yeshou’ah). « Celui qui vient », c’est le Sauveur d’Israël. « Dans le nom du Seigneur » renvoie à la bénédiction, pas à la venue. Ce n’est pas donc pas une prétérition en forme de devinette (« you know who… ») mais un titre qui désigne en un langage à peine voilé le Sauveur d’Israël. Je reviens plus loin sur la compréhension que le Baptiste a du Sauveur-Messie, très audacieuse.
« Es-tu celui qui vient ? » demande Jean « Es, tu le Sauveur ? ». Jésus répond : « Vois : je viens. Et ce n’est pas fini. Je ne fais que cela ! » Ce qui est troublant pour nous, c’est que, en bons héritiers des Latins, prisonniers de la succession des temps, nous ne comprenons pas que « celui qui vient » vient après « celui qui va venir ». Mais ce sont là des titres codés et la justesse chronologique de la formulation n’a aucun intérêt pour un Juif. « Celui-qui-vient » est bien un titre messianique. Parler ainsi du Messie, c’est vouloir dire qu’il toujours présent et devant, comme le Royaume des Cieux, qui ne cesse de se rendre tout proche maintenant et demain.
« Celui-qui-vient » introduit dans « le monde qui vient »
En hébreu, l’expression « Celui qui vient » du Psaume 118 se dit d’un mot court : habbâ, הַבָּא. Il faut entendre ce titre messianique original dans sa brièveté et sa simplicité. La formule n’est attestée dans la Bible que dans ce psaume et sans doute Jean l’a-t-il choisie à dessein. On la retrouve dans une autre expression, centrale dans l’eschatologie juive : ‘olam habbâ, עוֹלַם הַבָּא, le monde-qui-vient, que le Talmud commente abondamment (avec d’ailleurs des interprétations différentes : temps de la résurrection finale, temps du Messie…). Jean-Baptiste, en évoquant habbâ, presse Jésus de faire advenir le monde nouveau, le temps eschatologique. Jésus répond : mais nous y sommes déjà, dans ce monde nouveau qui vient.
Je rapproche cela de ce passage du Talmud : « Les Sages n’ont pas employé l’expression « le-Monde-qui-Vient » avec l’intention de signifier que [ce Royaume] n’existe pas à présent ou que le royaume présent va être détruit et qu’ensuite ce Royaume sera appelé à exister. Les choses ne se présentent pas ainsi. Le Monde-qui-Vient est présent, comme on le déduit de : [Psaume 31,20 : Comme il est grand le bien] « que Tu as caché… que Tu as fait. » (Michneh Torah Repentance 8,8).
Celui-qui-vient instaure avec force et puissance ce monde nouveau qui vient avec lui…On pourrait développer : dans « ces temps qui sont les derniers », le Messie vient dans son corps mortel, il vient dans son corps ecclésial, il vient dans son corps de gloire. Mais cela nécessiterait d’autres développements exégétiques sur le Royaume des Cieux, toujours bien là et pourtant toujours à venir, « ultra proche ». Je souligne simplement ce que révèle cette double réalité, le « pleinement là » et le « pas encore dévoilé », comme un germe qui pousse. Le rapport au temps de la Bible est complètement différent du nôtre, et le rapport à l’espace aussi. Être tout proche, pour nous ce n’est pas être là. Pour un Juif, l’espérance est actualité de l’avenir. « C’est en espérance que nous sommes sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus espérance. » (Rm 8 ,24)
Nous pensons comme des Latins : ce qui est passé est mort, l’avenir est un champ ouvert de possibilités, le présent mange l’avenir et le rejette, mort, dans le passé et la mémoire, il avance vers l’avenir comme un bulldozer.
Le présent biblique est « riche »du passé et de l’avenir qui s’actualisent dans le présent : il rend actuel pour aujourd’hui l’héritage du passé et la promesse d’avenir. C’est ce que nous apprend l’étude des conjugaisons en hébreu ! Le présent convoque le passé et l’avenir.
Quand un prophète dit les événements à venir, il ne fait pas de la divination, des devinettes ou des calculs de probabilité : il dit de quel avenir son espérance présente est grosse. Quand un Juif célèbre la Pâque, il ne célèbre pas un anniversaire : il vit la Pâque. C’est un passé vivant et c’est le sens profond du mémorial que l’on retrouve dans la conception catholique du mémorial eucharistique, comme en atteste l’anamnèse : Il était mort, mais nous L’annonçons comme un passé actuel, Il est bien ressuscité et vivant aujourd’hui, et Il vient. C’est ce que nous expérimentons dans l’espérance : un avenir qui est actuel. C’est tout ensemble qui est actualité : le passé de la Passion, le présent de l’eucharistie, l’avenir de la venue du Messie. L’attente du Messie chez les Juifs, c’est le « futur actuel » de l’espérance. Ainsi lorsque l’on dit de lui qu’il est « Celui qui vient », c’est presque une définition : il réalise l’espérance et il l’ouvre en même temps. L’appétit de la venue du Christ vient en mangeant du pain quotidien de l’espérance. Il est toujours devant.
« Celui-qui-vient » comme l’époux prêché par Jean-Baptiste
Les Evangiles, tous, de façon plus ou moins explicite, évoquent la spiritualité messianique qui imprègne l’évangile que le Baptiste proclame - car le premier à proclamer l’évangile à Israël, c’est lui. C’est ce que j’appellerais l’évangile nuptial.
- Jean n’est pas un rigoriste qui attend un régime d’austérité et de vertu. Le jeûne, le repentir, la conversion et même le baptême sont pour préparer le peuple à l’accueil joyeux de l’Epoux. Son baptême est même à comprendre comme un bain rituel, celui du miqveh, par lequel passe la jeune épousée avant l’arrivée de l’époux. La joie des noces est l’horizon de son ascèse, et non un régime de vertu. Jean n’est ni Savonarole, ni Robespierre.
- Le thème nuptial paraît en effet un leitmotiv de sa prédication messianique. Ainsi en Jean 3, 29 il dit à ceux de ses disciples qui se plaignent que Jésus lui fasse de la concurrence : « Celui qui a l’épouse, c’est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux ». Thème que Jésus reprend, chez Matthieu, dans ses échanges avec les disciples du baptiste à propos du jeûne : « les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger pendant que l’époux est avec eux ? » (Matthieu 9, 15).
- C’est même dans ce contexte qu’il faut entendre la parole reprise dans tous les évangiles, avec de menues variantes : « je ne suis pas digne d’enlever la courroie de ses sandales ». Elle se réfère à la loi du lévirat. Je cite Roland Meynet (Lire la Bible) : « la loi du lévirat prévoit que, si un homme marié meurt sans laisser de descendance, son frère ou son plus proche parent doit épouser la veuve pour susciter une descendance au défunt (les enfants nés de cette union sont donc considérés comme ceux du défunt). Un des noms de celui qui exerce ce droit et ce devoir est le Gô’el, le « rédempteur », c’est-à-dire celui qui a droit de rachat ; ce terme sera appliqué à Dieu dans son rapport au peuple d’Israël (voir par exemple Is 54, 1-10). Si le gô’el refuse de prendre la veuve comme épouse, celle-ci lui enlève sa sandale, en signe de mépris (Dt 25, 5-10). Selon une interprétation commune chez les Pères de l’Eglise, c’est le geste que Jean-Baptiste refuse de faire par rapport à Jésus quand il dit qu’il n’est pas digne, ou plus précisément qu’il n’a pas le droit (Nota - je confirme cette traduction pour les synoptiques) de délier les courroies de ses sandales (Mt 3,11 et parallèles ; Ac 13,25) ; Jean signifie ainsi que c’est Jésus qui a le droit de rachat sur Israël, que c’est lui son Epoux de droit. Cette lecture est celle que faisaient St Jean Chrysostome (Homélies sur l'Evangile VII,3) et St Jérôme (Homélie sur Marc 1, 1-12)
- Ainsi je pense que toutes les paraboles nuptiales de Jésus viennent en écho à la prédiction de Jean sur l’Epoux. Certes le thème des noces de Dieu avec son peuple ne lui est pas propre. Car il n’était pas le seul à vibrer aux épousailles de Dieu avec son peuple. Le thème court dans le Talmud à propos de la Pâque, du Shabbat, du Messie à venir et il est plus que probable que les Pharisiens l’avaient déjà développé à l’époque des Tannaïm, des Sages pharisiens, lors de l’inclusion définitive du Cantique des Cantiques dans le canon biblique, ce recueil de poèmes d’amour profanes où pas une seule fois le nom de Dieu n’apparaît. Mais l’époux d’Israël, dans la littérature juive du temps, c’est le Seigneur Dieu d’Israël lui-même. Chez Jean-Baptiste, cette thématique des noces est très présente, dans sa pratique et, on le devine, dans son enseignement, car Jésus ne la reprend en Matthieu et Jean qu’en rapport avec le baptiste. Et, à la différence des autres sources juives, bibliques ou talmudiques, elle identifie le Messie à Dieu dans le rôle de l’Epoux. On peut mieux comprendre, à cette lumière, la phrase de Jean en Jn 15,1 : celui qui vient derrière moi, qui est plus grand que moi, parce qu’il était le premier » : le Messie est, à tout le moins, un être divin.
- Or justement que lit-on au Cantique des Cantiques ? « La voix de mon bien-aimé ! C’est lui ! Il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines » (Ct 2,8). Je note que la phrase « Il vient » sans complément est, à ma connaissance, unique dans l’Ancien Testament. C’est ce qu’on appelle un « hapax», comme « Celui-qui-vient » du psaume 116.
« Celui qui vient » chez Jean l’évangéliste, disciple du baptiste
L’Apocalypse se termine sur un chant d’amour, un « duo de l’Epoux et de l’Epouse ». C’est presque du Jean-Baptiste dans le texte. Hasard ? Avant d’y venir, il faut faire un détour. Que nous dit Jean l’évangéliste ? Est-il muet sur « Celui qui vient » ? Et est-ce qu’on retrouve l’évangéliste dans l’auteur de l’Apocalypse ?
L’évangéliste Jean a été de toute évidence un très jeune disciple du baptiste et témoin oculaire de ses actes après le baptême de Jésus (Jean 1, 19-51 sq.). Je me permets de citer quelques versets consécutifs qui résonneront peut-être de façon particulière après lecture de ce qui précède. Une telle redondance de « venues » en si peu de phrases n’est pas fortuite – et sans précédent biblique. Le verbe est banal, mais l’accumulation ne l’est pas. Elle est la reprise johannique de la formule « celui qui vient », car comme souvent, Jean fait des allusions aux synoptiques dont il change le contexte.
- Jean 1 26-27 « Moi, je baptise dans l’eau. Au milieu de vous se tient celui que vous, vous ne connaissez pas, celui qui vient après moi (ὁ ὀπίσω μουἐρχόμενος)… dont je ne suis pas digne d’enlever les courroies de ses chaussures. »
- L’expression ho opisô mou erchomenos apparaît déjà en Jn 1,15, à la fin du Prologue où le verbe « venir » est apparu deux fois (1-venue de Jean ; 2- venue de la lumière chez les siens ; 3- venue de Jean : superbe inclusion !)
- Jean 1 29-31 : « le lendemain il voit Jésus qui vient vers lui (ἐρχόμενον προς αὐτόν) et il dit : Voici l’agneau de Dieu… C’est celui au sujet de qui j’ai dit : après moi vient un homme qui avant moi était (ou plutôt : qui a existé avant moi)
- « Et moi je ne le connaissais pas (= je ne l’avais pas reconnu) mais c’est afin qu’il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d’eau. » Celui-qui-vient est celui qui doit être « manifesté à Israël ». On retrouve le Sauveur d’Israël.
Or, selon la tradition, attestée par St Irénée, et non sans arguments littéraires, Jean l’évangéliste et l’auteur de l’Apocalypse sont une seule et même personne. Les références manifestes à « l’évangile du baptiste » à la fin de l’Apocalypse achèvent de m’en convaincre. Même si les deux Jean sont différents, ils sont de la même école !
Celui qui vient comme époux dans l’Apocalypse
Les visions de Jean s’achèvent sur la béatitude éternelle dans la Jérusalem : « … et ils [les élus] règneront pour les siècles des siècles ». On aurait envie de conclure : « Amen ! », comme dans la liturgie et applaudir. Mais non : la fin est un « retour sur terre ». On revient au point de départ du livre, mais instruit par les visions. On n’est plus dans les visions. En revanche on est dans l’écoute d’une voix d’ange.
Lisons et observons les mots et la structure pour bien chanter (la Bible de Jérusalem n’est pas assez fidèle au mot à mot et je donne ici ma traduction). Quelques clés de lecture :
- L’ange du Seigneur prête sa voix au Christ. C’est le Christ qui parle en personne par sa bouche. Mais il reste invisible et l’ange rappelle à Jean qui le prend pour le Christ qu’il n’est pas celui qui parle par sa bouche. Il est un serviteur de l’époux, comme Jean. Il fait son travail d’ange.
- La rhétorique du passage est typique du langage biblique qui procède par inclusion en « pelures d’oignon », et non de façon discursive, et aussi par juxtaposition de phrases, parfois de sens proche, parfois antithétiques. Je ne garantis pas absolument la justesse de l’analyse dans le détail, qui est signalée par la tabulation. On peut notamment permuter thème 1 et thème 2, en considérant que le thème du témoignage est évoqué en ouverture. D’autre part la parole : « le temps est proche » appartient aux deux registres, comme un trait d’union. Mais il est clair qu’il s’agit d’un texte construit de façon extrêmement dense, avec une alternance du thème de l’attestation de Jésus et de celui de la venue.
- Je parle de chant car c’est un poème et que sa construction est comparable à une composition musicale, presque d’opéra, serrée et savante avec des thèmes en contrepoint. Il faut vraiment le lire ainsi, le thème "Je viens" passant du premier plan à l'arrière plan et vice versa. Le thème 1 est celui de la venue, avec ses variantes, le thème 2 celui du témoignage, avec ses variantes.
Transition-Ouverture du Chant
22, 6 Et il me dit : ces paroles sont certaines et véridiques ; le Seigneur Dieu « des esprits des prophètes » a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit advenir bientôt.
Acte I : l’époux s’approche
22, 7 Thème 1a : Et voici que je viens vite !
22, 7 Thème 2 a (la prophétie sûre) : Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre
22, 8 C’est moi Jean qui voyais et entendais tout cela.
22, 8 Une fois les paroles et les visions achevées, je tombai aux pieds de l’ange qui me montrait tout cela pour l’adorer.
22, 9 Mais lui me dit : Non, attention ! Je suis compagnon de service avec toi, avec tes frères les prophètes, avec ceux qui observent les paroles de ce livre. Adore Dieu !
22,10 Thème 2a Et il me dit : Ne scelle pas les paroles de prophétie de ce livre, car le temps (kaïros, καιρός = moment) est proche
22, 11 Que l’injuste reste encore injuste, que le crasseux reste encore crasse, que le juste fasse encore justice, que le saint se sanctifie encore.
22, 12 Retour du thème 1a au centre : Voici que je viens vite.
22, 12 Et le salaire est avec moi pour rendre à chacun tel qu’est son ouvrage.
22, 13 Thème 2 b (Jésus témoigne) Je suis l’Alpha et l’Omega, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin.
22, 14 Heureux ceux qui lavent leur tenue, pour que le pouvoir soit leur sur le Bois de Vie et qu’ils entrent par les Portes dans la Cité.
22, 15 Dehors, les chiens, les sorciers, les débauchés (pornoï), les meurtriers, les idolâtres, tout homme qui aime et commet mensonge !
22, 16 Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous porter ce témoignage sur les églises.
22, 16 Je suis la racine et la race de David, l’Astre splendide de l’aurore.
Acte II : le dialogue de l’Epouse et de l’Epoux
22, 17 Thème 1 b Et l’Esprit et l’Epouse disent « Viens ! »
22, 17 Que celui qui écoute dise : « Viens ! »
22, 17 Que celui qui a soif vienne ! Celui qui veut, qu’il prenne de l’Eau de la Vie gratuitement !
22, 18 Thème 2 a : Je témoigne, moi, à toute personne qui écoute les paroles de prophétie de ce livre.
22, 18 Quiconque y ajoute, Dieu lui ajoutera les plaies écrites dans ce livre.
22, 19 Quiconque supprime aux paroles du livre de cette prophétie, Dieu supprimera sa part du Bois de Vie et de la Cité Sainte, qui sont écrits dans ce livre.
22, 20 Thème 2b : Il le dit, celui qui porte ce témoignage :
22, 20 Thème 1a : « Oui, je viens vite »
22, 20 Thème 2 : Amen !
22, 20 Thème 1b : Viens Seigneur Jésus ! Maranatha
- Un rapide commentaire
- « Celui qui vient » est un motif qui revient en permanence : au début, au milieu sous la forme : « Je viens vite », puis à la fin sous la forme : « Viens » et pour finir par un accord final : « Je viens ! » / « Viens ». A la jonction résonne l’invitation : « qu’il vienne à moi … », allusion directe à Jn 7
- Le thème nuptial arrive en fin de chant en surimposition : « l’Esprit et l’Epouse disent : Viens ! » et le dernier mot du chant est à l’Epouse : « viens Seigneur Jésus ! ». A l’opéra les deux voix se mêleraient dans une coda.
- Le thème du témoignage donné à la prophétie se combine au chant nuptial à deux voix, et il culmine, en sa partie centrale par le dévoilement de celui qui vient : « Je suis l’Alpha et l’Oméga / Moi JÉSUS …/ Je suis la Racine et la Race de David » avant le chant de l’Esprit et de l’Epouse : qui répondent : « Viens »
- Beaucoup de thèmes secondaires évoqués dans les visions précédentes sont convoqués dans ce chant, comme dans des couplets : la Cité Sainte, le retour au paradis avec l’arbre de vie, le jugement dernier. Donc les fins dernières.
- Les références à la Genèse, au Cantique des Cantiques, à Isaïe et à Ezechiel sont évidentes. Le Cantique des Cantiques fournit même la trame du poème: «Oh la voix de mon bien aimé ! » : Jean entend mais ne voit pas. « C’est lui ! » : il se rapproche et se nomme. « Le voici ! il vient ! » : sans commentaire. « Il marche sur les montagnes… » : il vient vite !
- Jean l’évangéliste renvoie aussi au Cantique des Cantiques au matin de Pâques, ce qui signe cette conclusion nuptiale, comme, au verset 17, le rappel de Jn 7, 37. Parenté ou identité d’inspiration ?
- Ce chant est en résonance forte avec la prédication de Jean-Baptiste: le Messie vient comme l’époux, l’Esprit dans lequel l’Epouse est baptisée anime l’Epouse et la soutient par la prophétie.
Nous ne le voyons pas, mais il vient, et il vient avec l’empressement de l’Epoux. Son temps n’est juste pas le nôtre. Il vient vite… mais dans le temps de l’Apocalypse, qui est le présent ! Si l’on y réfléchit, deux mille ans d’attente, à échelle de l’histoire de l’humanité, cela fait 90 générations, c’est très court et l’accélération exponentielle de l’histoire pendant ces deux millénaires a été impressionnante avec son cortège de combats et de fléaux apocalyptiques. Il n’y a pas de retard. Il vient bien à l’heure. Mais c’est Son Heure. Le Royaume à venir est déjà réalisé. L’Heure du Christ c’est celle de Sa passion, le Jour du Christ celui de Sa venue, la passion est totalement actualisée dans son mémorial et la venue est totalement actualisée dans ce même mémorial. Nous entendons la voix de l’Ange, qui porte la voix du Christ et appelons l’Epoux qui vient. Cela s’appelle l’Espérance.
Créez votre propre site internet avec Webador